Encore Angkor!
Si nous nous sommes réveillés difficilement, c’est tout d’abord parce que la qualité de la literie était très bonne et, quitter notre petit nid douillet relevait du supplice, mais aussi tout simplement parce que nous étions fatigués. Après deux nuits où nous n’avions eu que 4 heures de sommeil, une grosse nuit s’imposait.
Le petit déjeuner à 9H00 comportait pains au chocolat et croissants. Un reste de la colonisation française ? En tout cas, ce fut agréable, et nous rappela notre mère patrie que nous avions délaissée au profit du riz et de l’omelette.
Pour ne pas réitérer la même erreur que la veille et dépenser une fortune en taxi, nous avons choisi de visiter les temples en tuk-tuk. Il s’agit d’un scooter auquel est attaché une carriole qui peut contenir jusqu’à 4 personnes, deux assisses dans le sens de la route et deux dans le sens contraire. Si nous n’étions pas convaincus au début, nous avons vite changé d’avis. Ce moyen de locomotion était de loin le plus adapté à la ville. L’air conditionné de la voiture était remplacé par l’air frais qui circulait lorsque nous roulions, ce qui était bien plus agréable. Notre chauffeur était également bien plus sympathique que celui de la veille.
Après une quarantaine de minutes de tuk-tuk, nous sommes arrivés devant le premier temple de la journée, Preah Khan. Il a été édifié durant le début du règne de Jayavarman VII qui n’est autre que le roi le plus important de la civilisation khmère. En effet, c’est lui qui a été le plus prolifique en lançant les chantiers d’une cinquantaine de temples à lui seul, dont Angkor Thom, qui égale Angkor Wat en beauté. Preah Khan était bien plus qu’un simple temple, c’était une université bouddhiste. Son emplacement quant à lui n’a pas été choisi au hasard. Ce temple a été érigé à l’endroit même où fut tué le roi des Chams, qui étaient les ennemis jurés des khmers au XIIe siècle.
Pendant la visite, bien qu’elle se soit déroulée en début de matinée, nous avons encore une fois souffert atrocement de la chaleur, en suant à grosses gouttes. Cependant, cela valait le coup, car Preah Khan ne ressemblait à rien de ce que nous avions vu jusque-là. Le temple était assez vaste, mais comportant très peu de hautes tours. De longs corridors exploitaient les ailes est, ouest, nord et sud. La visite dura un peu plus d’une heure et nous a permis de voir la première réalisation de Jayavarman VII.
Nous avons ensuite pris la direction de Neak Pean. C’est en fait un petit monument assez singulier qui se visite assez rapidement. Il se caractérise par une disposition cruciforme de bassins avec une tour sanctuaire au centre contenue dans un bassin plus gros que les quatre précédents qui symbolise un lac sacré de l’Himalaya, lequel possédait des propriétés curatives miraculeuses.
Sur le chemin du retour, alors que nous marchions sur un sentier bordé de chaque côté de la forêt, Alexis aperçut une énorme araignée et une libellule immense. De quoi vous retourner l’estomac.
Après ce court stop, nous sommes repartis en direction d’un temple un peu plus imposant cette fois, Bantey Samré. Construit au début du XIIIe siècle par Sûryavarman II, sa tour centrale s’inspire de celle d’Angkor Wat. Le temple bien que peu fréquenté par les visiteurs fait partie des mieux restaurés et cela à quelques inconvénients. En effet, cela implique qu’il n’y a pas d’escaliers en bois pour aider nos petites jambes à escalader le monument. Je dis escalader parce que les marches que construisaient les architectes de cette époque se révèlent être très ardues si l’on n’est pas un géant. Les marches mesuraient en effet au moins 75 centimètres, et quand il y en a une centaine, on se retrouve avec des mollets en acier trempé. Ce temple se démarque par ses lions qui gardent l’entrée de la terrasse supérieure, et son architecture typique de la période pendant laquelle Angkor était à son apogée.
L’édifice suivant se nomme Mébon oriental, et date du milieu du Xe siècle, et est donc caractéristique des premiers temples khmers. Il pourrait apparaitre comme ayant été construit sur une montagne, mais il n’en est rien. L’impression de hauteur qu’il donne vient de l’eau qui a aujourd’hui disparue, alors que son niveau pouvait atteindre cinq mètres autrefois. A cause d’une implantation presque insulaire, les habituelles douves, ou chaussées d’approche n’ont pas été réalisées. Ce temple possède quatre embarcadères situés aux quatre points cardinaux, et une grande tour centrale qui se dresse sur une terrasse de plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
Pendant la visite des deux temples précédents, la chaleur avait un peu diminué, une légère brise était apparue, ce qui rendait la visite agréable, et le climat supportable. C’était en fait parce que nous nous trouvions en hauteur, sur la terrasse du Mébon oriental qui surplombait une grande plaine. Quand nous avions repris notre tuk-tuk pour nous diriger vers Srah Sang et Bentay Kdei, nous avons retrouvé une atmosphère lourde et une forte chaleur.
Heureusement que nous allions en direction de Srah Sang ! Ce bassin de 800 par 400m a conservé ses eaux pendant plus de 10 siècles. Srah Sang est la piscine des absolutions. C’est uniquement après les remaniements que lui a apportés le roi Jayavarman VII, qui vous est désormais connu, que l’eau est devenue accessible à tous pour « le bien des créatures », excepté les éléphants considérés comme des briseurs de digues. En effet, lors de sa construction au Xe siècle, dans cette grande piscine seuls le roi et la reine pouvaient se baigner !
En face de ce petit lac se dressait le temple de Banteay Kdei. Malgré sa relative petite taille, ce monument, construit par Jayavarman VII, encore lui, est important. Il a probablement été construit sur les fondations d’un autre temple, et la grande tour d’entrée aux quatre têtes de bouddhas est impressionnante.
Après toutes ces petites visites, nous avons repris place à bord de notre tuk-tuk en direction de Ta Prohm, un des plus impressionnants temples d’Angkor. Une fois arrivé à bon port nous nous rendons vite compte que l’exploration de cette batiste de 624m2 sera rendue très compliquée à cause de son état qu’on pourrait qualifier de ruine, le tout jonché d’arbres tous plus impressionnants les uns que les autres, permettant aux pierres de rester encore soudées. Ce temple a été construit dès la fin du XIIe siècle, avec l’arrivée de divinités telle que Prajnaparamita. Tout au long du règne du Roi, des dizaines de divinités ont été sculptées et rajoutées au temple, pour atteindre le nombre de 260. La décision de l’Ecole Française d’Extrême-Orient de ne pas modifier le temple de son état naturel, a permis à l’endroit de garder une incroyable atmosphère que l’on pourrait presque qualifier de romantique, de par le biais de ses enchevêtrements d’arbres et de pierres ancestrales. Ce temple est peut-être celui qui a le plus inspiré les romanciers de toutes les époques. Il a en effet gardé l’authenticité des temples découverts au XIXe siècle. Les arbres, qui font partie intégrante du temple, se divisent en deux principales espèces : les plus grands, les fromagers, sont dotés de très grandes racines tandis que l’autre espèce, le Ficus, est plus petite. Ses racines, plus fines mais denses, vont s’apparenter à un réseau. Ces différents arbres sont nés du placement d’une graine dans une des nombreuses fissures que comporte le temple. Ils se sont étendus par la suite grâce à leurs racines vers le sol. L’arbre et ses racines prendront place entre les blocs de pierres, ce qui fait qu’en grandissant, les pierres seront de plus en plus écartées par les racines. L’arbre est donc devenu le socle du bâtiment, hélas en cas de mort, de déracinement ou encore de tempête, le temple est voué à la ruine… C’est pourquoi les arbres sont, malgré leur beauté, facteurs de destruction. Une dernière anecdote, c’est dans ce cadre qu’a été tourné Tomb Raider, avec Angelina Jolie dans le rôle principal. La photo que vous pouvez voir ci-dessous est l’arbre devant lequel elle a effectué une célèbre cascade.
Une fois ce circuit terminé, nous sommes rentrés prendre la douche dont nous avions vitalement besoin et avons convenu avec notre chauffeur de partir le lendemain matin à 4h45 pour assister au lever de soleil sur Angkor Wat. Sachant que la nuit serait encore une fois courte, nous nous sommes couchés le plus rapidement possible
Le dernier volet sortira prochainement…